LA GRANDE ENTREVUE
RICHARD AMNOTTE, DIRECTEUR SPCIQ

5 juillet 2004

 

Pour la troisième année consécutive, nous poursuivons en ce début d'été la présentation d'une autre longue entrevue de fond avec les dirigeants des parties patronale et syndicale.

Comme nous avions débuté l'an dernier avec Pierre Peloteau, c'est au tour du nouveau Directeur du SPCIQ de s'entretenir avec le rédacteur en chef de spiq.ca, Christian Thibault.

L'entrevue avec le président de l'APPQ sera réalisée et présentée en début d'automne.

Bonne lecture !

Le nouveau Directeur répond aux questions du rédacteur en chef de www.spiq.ca, Christian Thibault

C.T. : Monsieur Amnotte, bonjour !

R.A. : Bonjour !

C.T. : 37 ans et directeur d'un service d'incendie comme celui-ci, ce doit être une première au Canada, non ?

R.A. : Selon les informations dont je dispose, c'est le cas. Pour un service qui dessert une population de 500,000 habitants, les directeurs ont habituellement un peu plus d'expérience de vie !

C.T. : Mais vous avez quand même une expérience de carrière pour avoir été nommé à ce poste ! Quel a été votre cheminement ?

R.A. : J'ai débuté en 1985 comme pompier à temps partiel pour la ville de Rosemère pour être embauché, en 87 à la ville de Rosemont comme permanent. En 92, je suis devenu lieutenant, poste que j'ai occupé jusqu'à mon départ pour la ville de Sainte-Foy en juillet 2000 où j'ai été successivement lieutenant et capitaine, dans une fonction de cadre. Lors de la fusion, j'ai présenté ma candidature au poste de directeur ce qui par la suite m'a amené à présenter ma candidature au poste de directeur-adjoint et être nommé à ce titre. J'ai été choisi ensuite Directeur du SPCIQ suite au départ à la retraite de Monsieur Labadie.

C.T. : Ça fait pas peur à ce " jeune " âge, toute cette tâche qui vous attend ?

R.A. : La tâche est peut-être énorme mais l'âge que j'ai me permet peut-être justement d'avoir l'énergie nécessaire pour surmonter les obstacles.

C.T. : Ceux qui vous connaissent bien disent que vous êtes un vrai firebuff : il semble même que lors de vos déplacements officiels vous couchiez en caserne plutôt qu'à l'hôtel !

R.A. : En effet, d'une occasion à une autre, lorsque j'ai l'opportunité de m'intégrer dans le service d'incendie, c'est la meilleure manière de vraiment connaître les problématiques qu'ils peuvent vivre et aussi les bons côtés qui peuvent être retenus. Autant aux Étâts-Unis que maintenant en Europe, j'ai eu l'occasion de me créer un très bon réseau, ce qui m'amène à être capable de vivre en caserne, partager leur quotidien et connaître leur fonctionnement.

C.T. : Vous souvenez-vous du moment dans votre jeunesse où vous avez su que vous vouliez être un pompier ?

R.A. : En fait, très jeune, policier, pompier, ambulancier…conducteur de remorqueuse…ça me prenait des clignotants sur ma voiture ! Une émission qui m'a énormément influencé était " Emergency " où on voyait à l'oeuvre des pompiers paramédiques de Los Angeles et qui a sûrement teinté mes intentions ! J'ai fait ma technique policière, mais j'ai bien tourné... je suis devenu pompier !

 

Richard Amnotte au bureau de Simon Tremblay de la Division de la formation, recherche et développement

 

C.T. : Passons aux affaires du Service: vous héritez d'un département qui a passablement fait parler de lui au cours de la dernière année: comment qualifieriez-vous son état de santé?

R.A. : C'est un service d'incendie qui a beaucoup, beaucoup de potentiel! Il s'agit d'être capable de lui donner une vision moderne qui correspond aux nouvelles attentes, aux nouvelles obligations.

Il faut se mettre dans le contexte que les services d'incendie au Québec, d'année en année, n'avaient pas d'objectifs de performance fixés à devoir rencontrer. Ce n'est que tout récemment, depuis l'année 2000, que le ministère de Sécurité publique au Québec a fixé des performances et ça demande à toutes les organisations de se requestionner par rapport à leur structure, à leur mode de fonctionnement, à la livraison, à la qualité des services à la population. Et c'est dans ce cadre que nous effectuons présentement notre travail.

Mais en matière de performance, on peut pas dire que le SPCIQ n'est pas performant. Il rencontre des objectifs de performance très élevés quand on compare le niveau de pertes par habitant comparativement aux résultats provinciaux, le nombre de décès par 100,000 habitants; même si c'est tragique, on peut pas nécessairement utiliser cette statistique comme statistique très révélatrice pour dire qu'on est bon, mais ce sont quand même des éléments qui servent à pouvoir se comparer à d'autres organisations, tant au Québec qu'en Amérique du Nord parce que les standards de statistiques viennent de plus en plus normalisés. On est performant à Québec !

Par contre, il y a sûrement mieux à faire et c'est sur cette base qu'on va travailler à redéfinir l'organisation du SPCIQ pour lui donner une identité qui lui sera propre, une image de ce que devrait est le Service des incendies de Québec pour les années 2000.

C.T. : Il s'agit de la 3ème année où spiq.ca fait ce genre d'entrevue et je constate que les relations avec l'APPQ semblent s'être passablement détériorées depuis les 18 derniers mois.

D'abord, êtes-vous d'accord avec mon constat et si oui, quels gestes entendez-vous poser pour que les parties se rapprochent?

R.A. : En fait, le syndicat a ses attentes qui sont basées sur leur propre compréhension de la situation et de leur vision. De notre côté, on a nos attentes qui doivent rencontrer des obligations de fonctionnement d'un service à l'intérieur d'une ville. C'est à partir de cet élément que nous devons être capable de composer, de rendre le service à la population qui corresponde à sa capacité d'être mis en place.

C.T. : Vous disiez tout à l'heure que le Service était performant: ce n'est cependant pas ce que les citoyens ont entendu au cours des derniers mois... on n'est pas du tout performant comme on devrait l'être!

R.A. :  En relation avec des normes par rapport à ce que nous devrions retrouver comme ressources matérielles, comme ressources humaines pour répondre à des objectifs de performance qui sont fixés, on peut se questionner sur là où on se situe... en relation avec ces nouvelles obligations. Il y a toujours place à amélioration et c'est ce qu'on vise.

Maintenant, quand on fait une relation entre la performance et les objectifs de performance qu'on aura à se fixer, il faut trouver un juste milieu dans tout cela et se poser la question: qu'est-ce qu'on peut s'offrir comme service d'incendie, dans quelle mesure on est capable de se l'offrir et dans quelle mesure tous et chacun sont capables de s'intégrer à l'intérieur de ce service-là et de faire en sorte qu'il soit encore beaucoup plus performant ?

C.T. : Comment qualifieriez-vous les relations de Richard Amnotte avec l'APPQ ?

R.A. : Depuis 2 1/2 ans, je dirais que les relations sont stables, sont franches. La communication avec les représentants du syndicat ne constituent pas un discours caché. De notre côté, on leur fournit les réponses que l'on est capable de leur donner au moment où l'on a à intervenir avec eux.

Le côté relations de travail est un dossier, je vous dirais, difficile depuis plusieurs années: c'est à se questionner si les moyens ont été mis en place pour améliorer la situation. On va se donner le temps de trouver les solutions !

C.T. : Un reproche que l'on a entendu sur l'administration précédente est à l'effet que la Direction du Service était plus à l'écoute de la Ville qu'à l'écoute de ses pompiers...

R.A. : À priori, le Service des incendies est un service municipal: on doit répondre d'une organisation municipale qui dispose de moyens, de budgets, d'une certaine capacité de pouvoir assurer des services.

À travers çà, on doit aussi rencontrer des intentions, des attentes de la part de notre personnel et non seulement le service des incendies ne rencontre peut-être pas chacune des attentes de chacun de ses membres, autant dans un autre service, celui de la police, des travaux publics, il y a sûrement bon nombre de leurs employés qui considèrent que leur services ne rencontrent pas leurs attentes.

On doit assurer le meilleur service à la population à partir des moyens que l'on nous rend disponibles: c'est à partir de cela que l'on doit travailler. Maintenant, oui, on a à défendre les intérêts de la sécurité-incendie dans notre municipalité en considération des nouvelles obligations de performance et c'est à partir de ces éléments-là qu'on travaille notre dossier.

Depuis les deux dernières années, parmi les services municipaux qui ont bénéficié d'une bonne écoute, le SPCIQ a en effet bénéficié d'une bonne écoute ! L'augmentation de nos ressources financières qu'on ne retrouvait pas auparavant, comparativement à d'autres services, fait peut-être des jaloux!

C.T. : Même au prorata avec la fusion ?

R.A. : Au prorata avec la fusion, tous les services ont été touchés. Maintenant, l'attente de la population suite à la fusion municipale est que le coût de son administration soit moins élevé. Pour nous, quand on arrive à dire que ce sera plus coûteux, il faut être capable de conjuguer avec cet élément-là et trouver des solutions qui feront en sorte de démontrer que, oui, il y a des augmentations de coûts, mais il y a augmentation de la rentabilité du Service de par sa performance. Et ça va demander la participation de tous et chacun pour réussir à atteindre ces objectifs de performance, d'augmentation de rentabilité, par le travail qui sera accompli sur le terrain.

 

Richard Poitras (102), Francis Gauthier (104) et Richard Amnotte

 


C.T. : Un moment crucial des derniers mois fut certainement le dépôt du rapport Roche: on s'attendait énormément de cette étude et aujourd'hui, on a l'impression que ça a été un coup d'épée dans l'eau. Il ne faut pas non plus oublier la manière avec laquelle ça s'est fait, ce qui a rendu les gens très suspicieux: un scénario dans le rapport, deux autres retrouvés par la suite ! Qu'en est-il de ce fameux rapport aujourd'hui?

R.A. : Il faut prendre en considération que le rapport Roche avait deux objectifs. Dans une approche très structurée et formelle, le premier était de faire une analyse de la situation de la sécurité-incendie à Québec, dont l'analyse des risques et l'analyse de l'organisation, faire un bilan de la structure du service d'incendie. Et de plus formuler des recommandations, fortes des obligations ministérielles d'objectifs de performance et à partir du portrait que la firme pouvait avoir dressé. Et Roche a formulé des recommandations en fonction de ces obligations et à partir du portrait qu'elle avait fait.

Les attentes étaient très élevées à quelque part de croire que la firme arriverait avec un produit clé en main: voici la solution !

La solution repose sur les épaules de la Ville de Québec et c'est elle qui a l'obligation de fournir au ministère de la Sécurité publique son schéma de couverture de risques et qui déterminera comment elle organisera la sécurité-incendie. Roche pouvait formuler une recommandation: c'en est une parmi une multitude de recommandations qui auraient pu être formulées.

C.T. : Donc c'est l'état-major qui va faire le schéma de risques: mais est-ce que Roche et sa recommandation de 17 casernes est encore à la base du travail ou est-ce qu'on regarde le portrait qui a été fait et on fait son propre travail ?

R.A. : Tous les chefs de division et la direction du Service travaillent présentement ensemble et on est parti d'une page blanche ! On ne se sert du dossier Roche que pour obtenir des informations objectives et factuelles sur la situation des risques et sur l'organisation présente des secours. On n'a pas utilisé le scénario de Roche pour formuler la recommandation sur laquelle nous travaillons actuellement.

C.T. : Donc, on oublie les échéanciers annuels publiés par Roche .

R.A. : Ce ne sont pas des éléments sur lesquels on travaille actuellement pour formuler nos recommandations qui sont faites à partir de notre connaissance du pompier sur le terrain.

C.T. : Quel est l'état actuel des travaux et quel est l'échéancier ?

R.A. : C'est un document qui sera assez volumineux et qui devra comprendre tous les détails que le ministère souhaite obtenir, entre autres, les réponses aux huit objectifs de performance fixés.

Les travaux vont bon train: il y a des rencontres qui sont statutaires et on se fixe comme objectif que dès le début de cet automne, en septembre, on soit capable de présenter nos recommandations de service.

C.T. : C'est très rapide ! Est-ce que la partie syndicale est associée à la démarche ?

R.A. : Non: elle sera informée éventuellement: a priori, le travail relève de la Direction du Service et c'est elle qui a à formuler ses recommandations.

C.T. : Ne croyez-vous pas que cela pourrait vous exposer à la critique, quelles que soient les recommandations qui seront faites ?

R.A. : Possiblement. C'est un document qui est très exigeant et qui exige une recherche très exigeante. Déjà autour de la table, nous sommes de huit à dix personnes d'une réunion à une autre; les idées sont confrontées, ça anime de bonnes discussions. Et plus on est d'intervenants à une table, on n'arrive pas à livrer la marchandise: les discussions peuvent devenir plus longues que ne le demande le résultat.

La partie syndicale sera informée et sera consultée au moment opportun dans le cheminement et elle pourra formuler sa propre appréciation.

C.T. : Une fois le document complété, quelles sont par la suite les étapes ?

R.A. : Évidemment dans l'approche, le politique de la Ville devra être informé des recommandations qui seront formulées avec une estimation des coûts la plus juste et la plus précise possible. Il faut considérer que dans la réalisation d'un schéma de couverture de risques sur un nombre d'années, on fixe comme objectif cinq ans, il peut y avoir des fluctuations de coûts.

C.T. : Vous dites cinq ans de réalisation ?

R.A. : C'est une vision dix ans avec un plan d'action cinq ans: révision dans la cinquième année pour faire le deuxième plan pour compléter sur une période de dix ans. Mais les actions importantes, majeures pour réussir à rencontrer les objectifs de performance seront faites les cinq premières années.

Ça va demander beaucoup de travail, beaucoup de changements dans l'organisation, et beaucoup au niveau de la capacité d'adaptation pour réussir à rencontrer ces objectifs de performance.

Pour en revenir aux étapes du processus, il y a aussi l'aspect consultation du public qui devra aussi être fait pour arriver à l'adoption du schéma de couverture de risques, retenir la proposition qui sera elle incluse dans le schéma qui sera présenté pour appréciation au ministère de la Sécurité publique qui formulera son acceptation ou sa demande de révision, le cas échéant.

 

Monsieur Amnotte avec Louise Bergeron, son adjointe administrative

 

C.T. : Pour Richard Amnotte, le nouveau Directeur du SPCIQ, quelles sont les améliorations les plus urgentes à apporter ?

R.A. : Dans un premier temps, il y a à compléter le schéma de couverture de risques. C'est l'aspect administratif très exigeant qui demande beaucoup de temps de notre part présentement. Notre priorité est axée là-dessus.

C'est ce document-là qui va nous donner les orientations, les pistes de solution en matière opérationnelle qui va nous donner les recommandations prioritaires.

On a déjà une idée des objectifs prioritaires qu'on a à réaliser, par contre on ne peut pas les dévoiler pour le moment.

C.T. : On sait certainement qu'il y aura des casernes qui seront rajoutées, d'autres possiblement relocalisées...

R.A. : On revoit toute l'organisation dans son ensemble et c'est de formuler le plan de travail pour réaliser tout çà: à quelque part il va falloir que ce soit imbriqué, il y a plusieurs actions qui vont être faites dans l'organisation des secours, la localisation des casernes, la formation, la transformation de l'organisation du service qui peut passer d'une structure de pompiers temps-partiels/pompiers temps-pleins à une structure de pompiers à temps plein sur l'ensemble du territoire.

Tout cela doit se modeler à travers un échéancier qui, d'étape en étape, ne fera pas en sorte qu'on avance, on recule, qu'on avance, on recule. On veut fixer un plan de travail qui nous permette d'avancer.

Autre élément qui a une très grande importance, c'est amorcer la négociation d'une convention collective: le contrat est échu depuis mai 2002. Il n'y a pas encore eu dépôt d'un cahier de demandes de la partie syndicale. De notre côté et certainement aussi du leur, on travaille à se fixer des objectifs de négociation. Je pourrais croire que le syndicat attend le dépôt du schéma de couverture de risques avant de formuler ses demandes.

C.T. : Avec l'échéancier pour un dépôt fin septembre, début octobre, ça s'en vient vite ?

R.A. : Et il faut garder à l'esprit que tout cela pourrait peut-être se réaliser en même temps, dépôt du schéma, consultation publique, démarrage de la négociation, travail pour la réalisation de l'application concrète d'éléments du schéma... je peux vous dire qu'il y aura beaucoup de pain sur la planche.

C.T. : Se pourrait-il que , comme dans le cas de l'étude Roche, à la dernière minute on retarde de mois en mois pour arriver finalement à un dépôt au mois de février suivant par exemple ?

R.A. : Je ne crois pas : l'état d'avancement des travaux tel qu'il est, le suivi serré de tout cela que l'on fait avec la Direction générale nous amènent à croire que non, les délais ne seront pas dépassés.

C.T. : Le Maire Lallier a fait une déclaration publique à l'effet qu'il vous accorderait tout ce que vous lui demanderiez: cela vous facilite-t-il la vie ?

R.A. : Non, pas vraiment et ce sur plusieurs aspects. Au niveau municipal, je peux vous dire que face aux autres services municipaux, ça exerce une certaine pression dans la machine ! Nouveau Directeur, nouvellement responsable d'un service et déclaration publique disant: "ce qu'il demandera, il l'obtiendra"... nécessairement tous les autres directeurs de services souhaitent obtenir ce qu'ils demandent.

D'un autre côté, ma vision des choses, ce n'est pas parce qu'on va avec nos enfants chez Toys' R' Us, qu'on leur offre d'acheter ce qu'ils veulent, qu'on achète le magasin.

Dans le même esprit, dans l'organisation du service d'incendie, ce n'est pas parce qu'on peut avoir une vision utopique de l'organisation, ou du moins une très grande vision de l'organisation qu'on peut se permettre de dire qu'il n'y a pas de limite.

On a à garder à l'esprit qu'il y a des contribuables qui doivent payer: on doit être responsable envers ces contribuables-là et on doit trouver le juste milieu entre le service qu'on doit leur offrir, les objectifs de performance qu'on se doit de respecter et leur capacité de payer. Sont-ils capables de pouvoir réussir à survenir à nos demandes ?

Et il faut garder à l'esprit également que tous les autres services dans la municipalité sont dans un besoin égal avec des capacités qui leurs sont données et à quelque part, il n'est pas loin de croire que chaque dollar demandé dans le service d'incendie résultera en une augmentation de la demande de débourser de la part de la population ! Parce que d'aller couper ailleurs pour offrir à un autre crée un déséquilibre dans le système municipal et on doit être conscient de çà.

C'est pas si facile que çà gérer un service et gérer une ville !

C.T. : On va vous donner ce que vous voulez mais faites en la démonstration... c'est ce que vous me dites...

R.A. : C' est une des raisons pour laquelle on travaille avec beaucoup de rigueur dans la réalisation du schéma de couverture de risques pour formuler des demandes qui seront assujetties par des recommandations qui seront solides et qui offriront à tous les intervenants qui auront à prendre des décisions des outils pour les aider à prendre ces décisions.

C.T. : Lors de notre premier bref entretien avec vous le 13 mai dernier, vous nous parliez de votre vision d'un service d'incendie de notoriété mondiale pour Québec: quels atouts avez-vous en main pour y parvenir ?

R.A. : L'intention derrière çà c'est de faire en sorte que le SPCIQ soit reconnu par ses pairs tant au niveau provincial qu'au niveau international: lorsque les gens chercheront une référence en matière de service d'incendie, le SPCIQ pourra en être considéré comme une.

On a un personnel qui est très dévoué, qui est professionnel, qui donne une bonne performance de travail. On a l'opportunité de réorganiser notre service d'incendie en vue de rencontrer les objectifs ministériels. Ce sont des éléments qui vont nous permettre de mettre en place à Québec un service d'incendie nouveau, moderne, actuel et qui sera ouvert sur l'avenir.

 

 

C.T. : L'avenir d'un service d'incendie repose également sur les autres types de protection qu'il peut offrir à la population. Est-ce que les premiers répondants sont sur la table de travail ?

R.A. : Ils seront sûrement sur la table de travail éventuellement: présentement l'objectif premier est d'assurer la réalisation du premier objectif de notre mission qui est de sauvegarder la vie et les biens contre le feu et les autres types de sinistres.

Dans un deuxième temps, quand nous aurons établi des bases solides en matière de sécurité-incendie, nous verrons comment nous pourrons intégrer d'autres services à travers çà.

C'est l'une des raisons pour laquelle, dans notre plan de travail, on se donne une vision dix ans pour tabler sur un plan de travail, un plan d'action cinq ans: on va réévaluer la situation pour toujours formuler au moins cinq ans à l'avance les objectifs de performance, d'amélioration qu'on devra rencontrer.

C.T. : Quelle est l'opinion personnelle de Richard Amnotte sur les premiers répondants ?

R.A. : Il serait difficile pour moi de ne pas croire à un service de premiers répondants considérant le fait qu'en 94, lorsque j'étais à Outremont (et j'étais dans la partie syndicale à l'époque), j'ai travaillé activement et conjointement avec la Ville pour intégrer ce service au sein de notre organisation.

Le premier répondant, oui... mais le premier répondant a ses bons côté et aussi ses mauvais côtés. Et il faut vraiment connaître les deux côtés de la médaille avant d'être capable de se prononcer.

Initialement, on peut se lancer là-dedans et croire que le premier répondant, c'est un monde merveilleux, mais au niveau des pompiers proprement dit, ça peut devenir une contrainte. Certains aiment bien le métier de pompier et d'autre le médical: mais trouver du monde ayant les deux affinités, c'est plutôt rare.

Une étude récente faite aux Etats-Unis et qui compare les services d'incendie de Washington D.C. et Seattle vient à démontrer que dans certains cas, on a plus une tendance médicale et que dans d'autres, on est plus pompier, ce qui amène des faiblesses dans l'un ou l'autre des cas.

C.T. : On ne peut quand même pas nier l'apport positif d'un service de premiers répondants même si son implantation apporte certaines difficultés...

R.A. : Effectivement et il faut garder à l'esprit que ça fait partie de l'avenir: notre population est vieillissante, elle est en demande de services et on est à la recherche de pouvoir optimiser, rentabiliser les ressources d'urgence et je ne serais pas sans croire que les services d'incendie seront grandement sollicités dans ce domaine.

Mais je vous dirais que dans une première approche de plan de travail on aura déjà un cinq premières années assez occupées pour réaliser cela: je crois donc que pour le premier répondant, on pourrait penser après.

C.T. : Vous provenez de départements où le système mini/pompe-échelle n'existait pas: que pense Richard Amnotte de ce système ?

R.A. : Ça fait partie des éléments desquels on se requestionne sur le mode de fonctionnement, surtout dans l'aspect de l'optimisation des ressources matérielles et humaines dont on dispose pour intervenir sur le territoire. Et il faut tenir compte des objectifs de performance qui sont maintenant fixés, qui sont connus et reconnus, dont entre autres, le fameux 2 in/2 out, arrivée 4 pompiers sur les lieux de l'intervention.

Ça doit nécessairement nous amener à porter une réflexion importante sur ce mode de fonctionnement-là et de voir dans quelle mesure il est performant et rentable.

Je vous dirais... j'aimerais mieux attendre l'issue de nos recommandations avec le schéma de couverture de risques pour me prononcer...

C.T. : Mais vous vous posez la question... et j'imagine que j'aurai la même réponse concernant les pompiers temporaires...

R.A. : Les pompiers temporaires, c'est quand même intéressant et important à considérer dans une organisation pour s'assurer la plus grande flexibilité possible tout en respectant les individus qui composent le service d'incendie. Par pompier temporaire, il ne faudrait pas croire qu'il s'agit d'une seconde classe d'employés: c'est s'assurer dans une organisation d'optimiser son fonctionnement, d'avoir la plus grande flexibilité.

Des pompiers temporaires, j'ai vécu dans deux organisations où il y en avait, à Outremont et Sainte-Foy, et je crois qu'on réussissait à bien composer avec ces éléments-là, tout en respectant les individus qui y étaient présents et apportaient à l'organisation une flexibilité de fonctionnement.

C.T. : Donc, c'est une avenue encore à l'étude dans la préparation de votre schéma...

R.A. : Effectivement. Ce n'est pas mis de côté comme possibilité d'organisation des secours à la Ville de Québec.

C.T. : Quel est le défi qui dans toute cette tâche vous plaît le plus ?

R.A. : Le grand défi, c'est d'avoir l'opportunité de travailler activement à donner un tournant nouveau à une organisation. Le SPCIQ a une culture importante à respecter: il est issu d'une histoire qui est quand même longue, qui a eu beaucoup d'éloges par le passé. C'est de poursuivre cet historique-là et de l'amener à rencontrer des nouveaux objectifs de performance, de fonctionnement tout en suscitant, comme leader de l'organisation, la collaboration, la coopération de tous et chacun et ce de la base jusqu'au directeur-adjoint et incluant le directeur, nécessairement.

Et aussi, c'est d'établir des ponts avec tous les autre directeurs de services, parce qu'on n'est pas seul dans l'organisation. Il faut toujours garder à l'esprit cet élément-là: le service d'incendie n'est pas le seul service à la Ville de Québec. Il doit travailler conjointement avec le Service d'équipements motorisés, le Service de police, le Service des immeubles, le Service d'ingénierie, la Direction générale, le Service des finances... on a des ponts à établir avec chacune de ces organisations à même la grande organisation qui est la macro-ville de Québec et comprendre le juste équilibre à travers çà !

C'est le rôle du Directeur d'assurer tous ces ponts-là, toute cette communication, toute cette interaction au sein-même de son organisation et favoriser par sa capacité de leadership, la coopération, la collaboration de tous et chacun à l'atteinte des objectifs du Service.

C.T. : Vous êtes un firebuff mais vous êtes aussi un buff de la gestion, je pense bien !

R.A. : J'ai beaucoup d'intérêt dans la gestion !

C.T. : Bien merci beaucoup !

R.A. : Bienvenue !

 


 

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