REPORTAGE SUR LA SPÉCIALITÉ RISQUE CHIMIQUE
AU DÉPARTEMENT DES YVELINES, FRANCE

Textes et photos : Josianne Roy, Québec Documentation et photos : Marc Vermeulen, France

Du 11 au 30 mars 2007, j’ai eu la chance d’accompagner un groupe d’étudiants pompiers du CNDF venus faire un stage chez les pompiers français du département des Yvelines (département # 78), en région parisienne. Lors de ce stage, j’ai rencontré le commandant Marc Vermeulen, conseiller technique départemental de l’équipe d’intervention en risques chimiques (CMIC - cellule mobile d’intervention chimique) basé à la caserne de Versailles. La spécialité CMIC est l’équivalent de la spécialité « Matières dangereuses ou HAZMAT » que l’on retrouve chez les pompiers du Québec. Fait à noter : il existe une spécialité voisine à la CMIC ; la CMIR (cellule mobile d’intervention radiologique).

Voici donc un compte-rendu sommaire de mes rencontres avec le commandant sur le fonctionnement de l’équipe CMIC des Yvelines (CMIC 78), de son rôle au sein de la zone de défense de Paris et sur la présentation de leurs véhicules d’intervention en risques chimiques.

Une partie de l’équipe CMIC des Yvelines.

Le personnel de l’équipe CMIC des Yvelines comprend en tout près d’une centaine de personnes réparties dans plusieurs casernes et attitrées à diverses fonctions, soit environ ;

- 74 pompiers spécialisés (équipiers)
- 18 chefs d’unité
- 1 responsable du matériel à temps plein
- 4 conseillers techniques

Les principaux rôles de l’équipe CMIC sont d’effectuer des reconnaissances lors d’intervention impliquant des risques chimiques, de définir la zone d’intervention, de mettre en place un périmètre de sécurité et un zonage, afin d’assurer la sécurité de la population et des intervenants, de mesurer et identifier le risque, de mettre en place un SAS, etc.

Dans le département des Yvelines, plusieurs installations et lieux présentent de grands risques d’accidents chimiques et sont particulièrement surveillés par l’équipe CMIC. Il y a notamment dans cette région : une centrale thermique, des dépôts et lieux de stockage d’hydrocarbures liquides et gazeux, une usine de traitement de déchets industriels, une usine de fabrication de mousse de polyuréthane, etc.. Ceci est sans compter les risques biologiques toujours présents et les nombreuses routes et autoroutes du département qui voient défiler quotidiennement des centaines de véhicules transportant des matières dangereuses.

Le commandant Vermeulen (conseiller technique CHIM) sur le toit du véhicule d’appui d’intervention en risques chimiques expliquant le fonctionnement de la station météo mobile du véhicule.

Le major Joly (responsable du matériel) devant le véhicule d’appui, localisé à la caserne de Poissy.

La formation de base donnée aux membres de l’équipe CMIC se divise en 4 niveaux, selon la fonction exercée au sein de l’équipe :

- Formation RCH1 pour les équipiers, durée d’environ 57 heures, un stage par an est organisé à l’EDSPY (École départementale des Sapeurs Pompiers des Yvelines).
- Formation RCH2 pour les chefs d’équipe, durée d’environ 77 heures, un stage par an est organisé à l’EDSPY.
- Formation RCH3 pour les chefs d’unité, un stage tous les deux ans à la zone Ile de France.
- Formation RCH4 pour les conseillers techniques, un stage par an à l’ENSOSP (Ecole nationale supérieure des officiers sapeurs pompiers).

Tous les équipiers et chefs d’équipe doivent également suivre un entraînement de 40 heures par année afin de conserver le droit d’être opérationnel au sein de la spécialité CMIC. Ces heures doivent être réalisées à travers les 10 entraînements ou manœuvres de 8 heures organisées annuellement par le département. De plus, tous les membres de la CMIC doivent passer une fois par an un parcours d’aisance de tenue de protection chimique de niveau A et B (type 1a-ET ou 1b-ET). Les chefs d’unité et les conseillers techniques quant à eux organisent les manœuvres annuelles et donnent la formation de niveau RCH1 et RCH2. Ils doivent en plus suivre 3 journées de formation continue de 8 heures pour maintenir leurs niveaux RCH3 et RCH4.

Exemples de manœuvres organisées par le département pour le maintien des acquis des membres de l’équipe CMIC.

L’équipe CMIC du département des Yvelines dispose de plusieurs véhicules pour intervenir sur des accidents impliquant des risques chimiques et biologiques. Ces véhicules sont disposés dans des casernes différentes en fonction de la proximité des risques pour chaque ville. En tout, il y a 7 véhicules CMIC :

- 3 VCH (Véhicules de première intervention) : permettant de vérifier l’existence du risque et de prendre les premières mesures conservatoires. Ce type de véhicule dispose d’équipement : de protection individuelle, de détection, d’intervention et de documentation.

- 1 VACH (Véhicule d’appui) : permettant de déterminer la nature du risque, de protéger les personnes et d’agir sur la source pour en limiter les effets. Il dispose de matériel de décontamination, de récupération et d’obturation sophistiqué. Il est équipé en plus de matériel de renfort : station météo, Internet, matériel de détection avancé, matériel d’investigation et d’analyse, douche, etc.

- 2 CEPOL (Cellules de lutte contre les pollutions)

- 1 CEDEC (Cellule avec 1 chaîne de décontamination)

Une partie des véhicules CMIC.

Une partie du matériel de détection du véhicule d’appui.

Photos ci-dessous, manœuvre PIRATOX réalisée le 3 juin 2005 sur un aéroport des Yvelines, conjointement avec la gendarmerie, la police, les services médicaux et des figurants jouant le rôle de victimes, en prévision d’une attaque terroriste sur base aérienne.

En moyenne, il y a environ 90 interventions CMIC par année dans le département des Yvelines.

Exemple d’intervention CMIC : fuite de résine inflammable sur un TMD sur autoroute en juillet 2006.

Exemple d’intervention CMIC : briefing du binôme d’intervention lors d’une intervention pour fuite d’acide cyanhydrique en février 2004 .

À la fin de mon séjour, j’ai également eu la chance d’assister à une réunion trimestrielle de la zone de défense de Paris, qui comprend 8 départements ; Essonne, Hauts-de-Seine, Paris, Seine et Marne, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Val-d’Oise et Yvelines. Lors de cette rencontre, tous les conseillers techniques départementaux CHIM (risque chimique) et RAD (risque radiologique) s’étaient réunis pour discuter des orientations et plans d’intervention en cas d’attentats terroristes NRBC (nucléaire, radiologique, biologique, chimique), avec comme sujet principal les « attentats dans les transports souterrains ».

Le rôle de cette équipe de conseillers techniques est de préparer une organisation commune aux secours des départements de la zone de défense de Paris en cas d’événement majeur de type :

- risques chimiques, industriels et aériens
- risques de transports de matières dangereuses
- pollution atmosphérique
- épidémies et risques environnementaux
- menaces terroristes NRBC ou non
- etc.

Les conseillers techniques de la zone de défense de Paris lors de la réunion trimestrielle du 29 mars 2007, à Essonne.

 

Pour plus d’informations sur le département des Yvelines, vous pouvez consulter le www.sdis78.fr